Sable, étiages, crues, hauts fonds, les conditions de navigation sur la Loire sont difficiles. Seuls les bateaux conçus pour naviguer sur la Loire et ses affluents peuvent y circuler. Et pendant longtemps un balisage annuel a été effectué pour faciliter leur passage.

Les bateaux de Loire ont des caractéristiques particulières pour s’adapter au fleuve. Le fond plat et les proportions longueur/largeur permettent de diminuer le tirant d’eau et de naviguer dans une faible profondeur. Les chalands du XVIIIème qui transportaient jusqu’à 50 tonnes de frêt pouvaient circuler dans moins de 80 cm d’eau.  

Le travail de balisage vise à créer un chenal, un bras du fleuve aménagé qui concentre la majeure partie des eaux et la force du courant. Quand le débit faiblit, cette voie demeure.  

Les baliseurs signalent le chenal avec des perches plantées dans le lit du fleuve. Ils enlèvent les pierres, les troncs d’arbres, parfois même il faut désensabler. 

Les campagnes de balisage ont lieu tous les ans à la fin de l’été. Le changement du tracé du chenal entraîne aussi celui du halage. Il faut alors abattre arbres et buissons, repousser des haies, parfois même détruire des habitations.  

Du Moyen-Age au XVIIe siècle, cette tâche est gérée par la « Communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et les fleuves descendant en icelle ». Elle est financée par une taxe sur toutes les marchandises. Au cours du règne de Louis XIV, l’administration intervient de plus en plus directement dans l’aménagement de la Loire. La Communauté perd progressivement son pouvoir et est finalement dissoute en 1772. Le balisage est alors entrepris par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, sous l’autorité des intendants du roi. 

« …Il est sacrilège de prétendre que la Loire manque d’eau. C’est effrayant, au contraire, comme il y a de l’eau dans la Loire. Seulement, c’est une eau peu sérieuse (…) Au lieu de mettre sa coquetterie à se totaliser au long de son cours, à former une rivière bien rassemblée, non, Melle la Loire s’amuse, telle la petite folle de l’Ecriture, à se ramifier, se disperser, s’épandre, se diffluer, se multifider, à s’éperdre. Et partout dans ce sable oiseux et vain vous ne contemplez que flaques, mares, et même véritables étangs inaptes à la moindre batellerie. » 

- Alphonse Allais (1854 – 1905),  A la une