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Les paysages ligériens à Blois

Published on 21 December 2011 - Updated 15 May 2012
Cet article date d'il y a plus de 12 ans

Par Béatrice Amossé, Directrice de l’Observatoire Loire de Blois.

La Loire a tracé son chemin au cours des millénaires provoquant par là-même une attention toute particulière de la part de l’homme : une eau disponible utilisée à des fins économiques dans un 1er temps, à des fins patrimoniales dans un 2ème temps.
L’Homme s’est approprié  ce cours d’eau, source de vie, s’en est détourné ensuite, las de ses caprices, a tenté un moment de le dompter, puis a finalement appris à vivre avec lui en le respectant et en le protégeant. Des phases successives qui ont marqué le territoire, des signatures anthropiques à comprendre, c’était tout l’intérêt de la journée blésoise.
 
Un territoire se lit à diverses échelles 

  • à l’échelle de l’individu, de sa sensibilité, du lien qu’il peut entretenir avec son environnement. On parle alors d’osmose, d’harmonie, d’état d’équilibre entre le ressenti et le bien être de l’individu,
  • à l’échelle de la ville, de la cité, lieu d’habitat où la notion du bien vivre ensemble prend tout son sens,
  • à l’échelle d’un territoire et de son histoire mais aussi des échanges qu’il peut assurer avec les autres territoires environnants. Des échanges qui permettront de dire si le territoire en question est valorisé.

 
Pour rappel, la Loire est un fleuve qui capte les envies de s’installer durablement, un fleuve d’histoire qui permet de comprendre le présent, un fleuve naturel qui donne de l’harmonie et de l’équilibre, indubitablement liant entre l’homme et son territoire de vie.
 
Plusieurs étapes ont été nécessaires pendant cette journée pour appréhender la place et le rôle du fleuve dans l’aménagement du territoire d’aujourd’hui, dans la prise des décisions du développement urbain notamment.
C’était aller à la rencontre des milieux naturels façonnés par le fleuve. C’était aller à la rencontre des milieux anthropisés façonnés par des générations successives. Qu’est-ce qui relève du naturel, de l’artificiel, de la naturalité, de l’artificialité ? Des frontières aussi minces qu’infranchissables ? 

Au Port de la Creusille

Première étape au Port de la Creusille qui fut successivement port dynamique au temps de la marine de Loire et de son apogée, sablière au temps des années glorieuses d’extraction de sable dans le lit mineur, heureusement interdite aujourd’hui, jardin public à la vue imprenable sur la rive droite, véritable amphithéâtre urbain.
Une couleur nostalgique ? Un besoin d’authenticité historique ? Une pratique fluviale conviviale naturelle ? Tout à la fois tant le besoin d’harmonie est fort entre l’habitant et son environnement. C’est le respect tout simplement d’un rapport viscéral avec le fleuve.
Ces aménagements successifs sont le signe d’une évolution économique et urbaine mais aussi le témoin d’un rapport conflictuel que l’homme entretient avec son environnement naturel. Le jardin public, le port fluvial apaisent les esprits de reconquête du territoire. 

Au déversoir de la Bouillie

Un arrêt au déversoir de la Bouillie, un ancien déchargeoir qui fait actuellement couler beaucoup d’encre… Pourquoi cet aménagement qui flirte avec le quartier Vienne, ville basse de Blois ? Une histoire de crues tout simplement, une nécessité dans le passé mais aujourd’hui ? Le Plan Loire Grandeur Nature a des objectifs vis-à-vis de la sécurité des riverains que la passion n’a pas ! Les catastrophes ne préviennent pas toujours et s’invitent contre toute attente !
Les élus ont seulement l’obligation d’une explication pédagogique envers les habitants du déversoir, non sans heurts… Faut-il le rappeler, ce déversoir est encore habité… Les entreprises se délocalisent aisément mais les maisons ancestrales, témoins de belles histoires familiales ? Difficile ! Les élus doivent prendre leur responsabilité et c’est tant mieux !
 
Le déversoir doit retrouver son esplanade de verdure absente de tout obstacle au déferlement éventuel des eaux du fleuve… 

Embarquement sur une toue

Embarquement dans une toue, bateau traditionnel de Loire, une balade qui permet de comprendre l’implantation de la ville vis-à-vis de son fleuve, qui permet de comprendre les aménagements de l’homme pour favoriser la navigation sur le cours d’eau royal :
L’existence d’un duit, séparant les eaux portuaires des eaux de navigation, et d’alimentation  des moulins suspendus du pont médiéval 

  • La construction du pont Jacques Gabriel, dernier pont à dos d’âne de la Loire moyenne aux arches marinières facilitant les franchissements à la volée des trains de bateaux…

Le lit du fleuve se rétrécit dans Blois et l’on revient à la nécessaire présence du déversoir en amont de la ville et l’on comprend aussi la hauteur significative des quais.

Arrêt sur l’île au pied du Pont C. de Gaulle….peu à peu colonisée par la végétation alluviale à bois tendre et dont  les plantes pionnières ont permis l’installation…Une saulaie- peupleraie typique aux couleurs chatoyantes…La Loire est  un axe migratoire pour la végétation où se mêlent plantes autochtones et plantes d’origine exotique et montagnarde, non sans conséquence d’ailleurs…
 
C’est un paysage végétal dépendant directement de la présence d’eau en quantité et en qualité, où les plantes deviennent des êtres vivants indicateurs de la bonne santé du fleuve. 

A bicyclette

« A bicyclette… » chantait Montand, une virée à deux roues pour s’extraire de la ville et humer le vent du Val de Loire…Un paysage agricole défile devant les yeux typique, sur sable alluvionnaire : exploitations maraîchères, parcelles d’igname, qui fait la réputation de St-Claude de Diray, parcelles de vignes… Le sable de la plaine alluviale est source de richesse…

Des aménagements touristiques viennent renforcer la proximité du fleuve : circuits des châteaux à vélo, la Loire à vélo. L’augmentation de leur  fréquentation n’est plus à démontrer. Peut-on concilier Tourisme et Nature ? C’est aujourd’hui une problématique à prendre en considération.
 
 

Arrivée dans un autre déversoir, celui de Montlivault de conception différente, destiné à capter plus en amont le débordement du fleuve, réaménagé dernièrement dans le cadre du Plan Loire grandeur Nature… 

En canoë

Bercé par le courant, le canoë offre une autre forme d’évasion : la contemplation au plus près de l’eau. Le point de départ est au Lac de Loire, un terme désuet aujourd’hui par la suppression du barrage mobile de Vineuil. Quelle période de gloire pour cet espace nautique de loisirs dans les années 70 ! L’approche environnementale est dorénavant intégrée dans tous les projets socio-économiques… parallèlement se met en place un plan national pour la sauvegarde du saumon, financé entre autres par l’Union Européenne. Le saumon mérite une migration sans écueil…
 
Décrié par les « anti-barrages » dans les années 70, décrié par les « pro-barrages » à sa suppression en 2005, il ne reste de cet ouvrage que les piliers, insolents, qui sortent de l’eau en période d’étiage… avec à la clé un nouveau projet d’aménagement de passerelle qui permettrait de les réutiliser.
 
Amont-Aval, Rive droite-Rive gauche, Surface-profondeur, c’est la Loire dans toutes ses états, dans tous ses profils… Le canoë permet de bien prendre conscience de l’invasion grandissante de la jussie,  véritable couverture impénétrable… une désolation végétale malgré la beauté de ses fleurs jaunes. 

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