Le bourg de Montjean-sur-Loire

Publié le 13 avril 2017 - Mis à jour le 16 novembre 2018

Un ancien centre minier et de production de chaux


Montjean-sur-Loire n'est pas seulement un promontoire inspirant pour les peintres, comme Turner, c'est aussi toute une histoire industrielle et portuaire. Au départ, à Montjean-sur-Loire, il y avait du charbon…
On peut penser qu’en bêchant son jardin, on bêchait le charbon puisqu’on pouvait être dans la partie supérieure de la couche de charbon qui est en somme presque verticale à Montjean, on a des couches qui se succèdent depuis sous la Loire jusque dans la colline portant à l’église. C'est Philippe Cayla, géographe, qui revient sur le développement de cette activité. Et donc c’est au Moyen-âge que le charbon commence à être exploité peut-être pour des forges tout simplement. Et puis c’est surtout au XVIIe et au XVIIIe siècle que la production va considérablement se développer, en relation avec un besoin qui est celui des fours à chaux.
Le four à chaux c’est une sorte de fourneau vertical de 10 mètres de haut et aux alentours de 5,60 mètres de diamètre, ceux du XVIIIe siècle dans tous les cas. Et qui permet de cuire la pierre calcaire extraite de carrières voisines, cette combustion de cette pierre calcaire très dure permet d’avoir la chaux vive, c’est la chaux du maçon qui est mélangée au sable, qui fournit le mortier. Et puis on découvre que cette chaux cuite mise dans les champs acides de l’ouest armoricain, aussi bien en Anjou que surtout en Bretagne produit un petit miracle : auparavant alors qu’on ne pouvait cultiver que l’avoine et bien comme par miracle on va pouvoir y cultiver le seigle panifiable, le blé et du coup on va changer la condition alimentaire des populations à l’époque.
C’est l’époque aussi de ce qu’on appelle la « révolution agricole ». Et Montjean va fournir en grand, à tout l’ouest armoricain, des bateaux chargés de chaux cuites à Montjean qui vont descendre la Loire et puis surtout par le canal de Nantes à Brest qui est achevé dans les années 1838-1840, c’est la diffusion à l’intérieur de la Bretagne, donc à Montjean on a une marine de Loire orientée vers l’aval.
Et ce sont des bateaux qui sont fabriqués à la dimension des écluses du canal de Nantes à Brest, il s’agit d’aller pratiquement jusqu’à Port-Launay, c’est-à-dire aux confins de la rade de Brest. Il faut transporter le plus de marchandises possibles, de l’ordre de 100 à 120 tonnes de chaux par bateau qui pouvaient partir d’un coup. On a encore des statistiques avant 1914, qui montrent que partaient environs 320 bateaux chargés de chaux, chaque année à destination de Nantes et surtout de la Bretagne.


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