Porté par le courant à la « descente », poussé par le vent à la « remonte », naviguer sur la Loire peut sembler simple. Il n’en est rien et les conditions de navigation sur le fleuve ont donné lieu à des développements techniques particuliers, aussi bien pour la construction des bateaux que pour leur maniement.

L’orientation est-ouest de la Loire d’Orléans à l’estuaire a permis le développement de la navigation en profitant des vents dominants pour remonter le courant. Dans le sens inverse, c’est ce dernier qui porte les bateaux. 

Ces embarcations sont larges, à fond plat, ce qui permet le transport des pondéreux dans un faible tirant d’eau. Ils sont dotés d’une grande voile carrée, qui permet de capter le vent malgré la présence des levées. Un treuil dénommé « guinda » permet de lever et d’abaisser le mât pour passer sous les ponts. Un grand gouvernail allongé, appelé la « piautre », qui s’enfonce peu dans l’eau donne une grande efficacité directionnelle. Le dernier accessoire caractéristique est celui des membres de l’équipage, le bâton de marine, une solide perche à bout ferré, qui sert à beaucoup de manœuvres délicates, pour éviter les obstacles, les bancs de sable, les moulins, les pêcheries, etc, … 

La navigation en « trains de bateaux » fut très utilisée. Plusieurs unités liées ensemble étaient guidées par un équipage restreint. Le passage des ponts à la remonte pouvait se faire « à la volée », en abaissant successivement les mats, pour les remonter de l’autre côté. 

Parfois enfin, on avait recours au halage lorsque le vent manquait ou qu’il n’était pas favorable.  

« On rencontre de temps en temps des convois à cinq ou six embarcations, qui remontent ou descendent le fleuve. Chaque bateau n’a qu’un mât et une voile carrée. Celui qui a la plus grande voile précède les autres et les traîne. Le convoi est disposé de façon que les voiles vont diminuant de grandeur d’un bateau à l’autre, du premier au dernier avec une sorte de décroissance symétrique qui n’interrompt aucune saillie, qui ne dérange aucun caprice… » 

- Victor Hugo, En voyage. -Alpes et Pyrénées, 1843, décrivant la technique de navigation en « train de bateaux »